Installation naturopathe : qui peut exercer cette profession de médecine alternative ?

Le titre de naturopathe n’est pas protégé par la loi en France. Oubliez la case diplôme d’État ou ordre professionnel : ici, aucun passage obligé ni chemin balisé ne filtre les prétendants à cette pratique de médecine alternative. Résultat ? Un foisonnement de parcours, des autodidactes aux diplômés de longues formations privées, avec des écoles dont le sérieux varie d’un extrême à l’autre.

Certains s’installent après avoir suivi quelques mois de formation, d’autres accumulent les années d’études dans des instituts spécialisés. Faute de cadre officiel, ce sont principalement des associations professionnelles qui tentent d’établir des repères communs, histoire d’offrir un minimum de garanties aux personnes qui consultent.

La naturopathie aujourd’hui : une pratique de soins non conventionnelle en France

La naturopathie s’est imposée parmi les pratiques de soins non conventionnelles, loin des protocoles scientifiques reconnus. La demande progresse, portée par la recherche d’une approche plus globale, préventive et personnalisée de la santé. Mais sur le plan institutionnel, aucun statut officiel à l’horizon. Ce vide attire chaque année de nouveaux professionnels, souvent motivés par une volonté de proposer des alternatives aux soins classiques.

Des organismes comme la fédération française des écoles de naturopathie (Fena) ou le syndicat des professionnels de la naturopathie (Psnc) s’efforcent de donner un peu de cohérence à la discipline. Ils cherchent à définir un socle de compétences et à instaurer des garde-fous contre les excès. Partout en France, les cabinets de naturopathes se multiplient et témoignent de l’engouement croissant pour ces pratiques alternatives. Les consultants viennent surtout chercher des conseils pour améliorer leur hygiène de vie, mieux gérer leur stress ou revoir leur alimentation, rarement pour traiter des maladies aiguës.

Panorama des courants et encadrement associatif

Voici les principales caractéristiques qui définissent aujourd’hui la profession :

  • Pas de cadre réglementaire spécifique
  • Des parcours de formation très divers
  • Des recommandations issues d’organisations comme la Fena

En France, la naturopathie évolue dans cet entre-deux, entre enthousiasme des usagers et vigilance des pouvoirs publics. La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) veille au grain, notamment pour limiter les promesses de guérison non fondées. À retenir : la naturopathie ne relève pas du domaine médical officiel, ce qui la distingue clairement de la médecine conventionnelle et circonscrit ses interventions.

Qui peut réellement exercer comme naturopathe indépendant ?

Ouvrir un cabinet de naturopathie, c’est possible sans passer par un parcours imposé. Aucune obligation de diplôme d’État, pas d’ordre professionnel à rejoindre. Toute personne peut devenir naturopathe indépendant, à condition de choisir un statut juridique adapté. Beaucoup optent pour la micro-entreprise, qui simplifie les démarches et la gestion comptable au quotidien.

La discipline attire des profils très variés. Certains viennent du secteur médical ou paramédical, d’autres se reconvertissent après une expérience dans le bien-être, ou cherchent simplement à donner du sens à leur parcours professionnel. Suivant la dimension du projet, le choix du statut varie : entreprise individuelle, SARL, SAS… tout dépend de l’organisation souhaitée et de la possibilité d’associer d’autres praticiens.

Le statut juridique influence la fiscalité, la couverture sociale et les tâches administratives à assumer. Le code APE 8690F (activités de santé humaine non classées ailleurs) est souvent utilisé, même si la classification reste imprécise. Voici un aperçu des principaux statuts envisageables :

  • Micro-entreprise : démarches accessibles, mais seuils de chiffre d’affaires plafonnés
  • Entreprise individuelle : plus de liberté, mais le patrimoine personnel engagé en cas de problème
  • Société (EURL, SASU, etc.) : structure plus solide, responsabilité limitée, gestion administrative plus lourde

Cette latitude dans l’installation oblige à une transparence irréprochable. Il reste impératif de préciser que l’activité de naturopathe ne relève pas du domaine médical, pour éviter tout malentendu avec la clientèle.

Qui peut réellement exercer comme naturopathe indépendant ?

La naturopathie conserve en France le statut de pratique de soins non conventionnelle. Elle n’est pas inscrite au code de la santé publique et ne bénéficie d’aucune validation officielle des instances sanitaires. L’absence de définition légale ouvre la voie à une grande variété de profils : chacun peut tenter sa chance, à condition de respecter certaines règles.

La question de la formation naturopathie est alors centrale. Pas de diplôme d’État, pas d’université dédiée. Le marché est dominé par des écoles privées, proposant des cursus plus ou moins longs, souvent coûteux, sans garantie formelle sur leur contenu. La Fédération française des écoles de naturopathie (Fena) propose un référentiel commun à ses membres pour harmoniser les pratiques, mais cette démarche reste associative, donc non obligatoire.

La DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) effectue des contrôles réguliers et insiste sur la nécessité d’informer clairement les clients. Se présenter comme « médecin naturopathe » est strictement interdit. La Miviludes surveille également de près le secteur pour prévenir tout risque de dérives sectaires. Elle publie fréquemment des avertissements sur certaines pratiques ambiguës.

Avant de se lancer, il est indispensable de bien étudier la solidité des formations proposées, de vérifier leur éventuelle affiliation à la Fena et de se renseigner sur la réglementation en vigueur. Prendre le temps de se documenter limite le risque de mauvaises surprises dans un secteur en plein développement, mais qui reste en dehors du cadre officiel de la santé.

Homme guidant une consultation dans un jardin d

Ressources et conseils pour bien s’installer en tant que naturopathe

Se faire une place sur le marché de la naturopathie demande méthode et anticipation. Avant tout, le statut juridique doit être choisi avec soin. Beaucoup se tournent vers la micro-entreprise, qui offre un cadre souple pour démarrer une activité de médecine douce avec un minimum de contraintes, mais impose de respecter un plafond de chiffre d’affaires.

L’appui d’un réseau professionnel peut faire la différence. Adhérer à une association ou à un syndicat permet de bénéficier de conseils avisés et d’être informé des évolutions du secteur. La Fédération française des écoles de naturopathie (Fena) publie des mises à jour régulières et propose un annuaire des praticiens, utile pour accroître sa visibilité.

Il est pertinent d’ajuster son offre en fonction des attentes du public, en s’appuyant sur les études de marché existantes. Multipliez les formats : consultations individuelles, ateliers collectifs, interventions en entreprise. Se former à la communication digitale devient un atout, car la demande de santé naturelle explose sur internet.

Un autre point mérite attention : la TVA. L’activité de naturopathe, non reconnue médicalement, ne bénéficie pas de l’exonération réservée aux professions de santé. Il est donc nécessaire de déclarer son activité auprès de l’Urssaf, en précisant la nature exacte des prestations proposées. Côté assurances, la souscription d’une responsabilité civile professionnelle s’impose pour se prémunir contre d’éventuels litiges.

Certains dispositifs d’accompagnement existent au niveau local pour faciliter la création d’activité. Se renseigner auprès des organismes régionaux peut ouvrir la porte à des conseils pratiques, un soutien à la gestion, voire des aides financières pour l’installation d’un cabinet de naturopathie.

L’accès à la profession de naturopathe reste ouvert, mais exige de la vigilance, de l’exigence et une bonne dose de discernement. Ceux qui s’y engagent doivent composer avec la liberté, mais aussi avec la responsabilité, et c’est bien là l’enjeu du métier.